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 La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien

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Ethalion Duravon
 
 
Ethalion Duravon


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MessageSujet: La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien   La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien EmptySam 01 Oct 2016, 13:27

La jeune femme avançait péniblement dans la forêt de chênes. Aller à Blanroc, aller à Blanroc. Pff ! Il y a deux jours, Sila lui était tombé dessus en plein milieu d’un village Acadéen, alors qu’elle s’amusait à lancer la balle à Rion. Son amie de longue date, occupant une place importante chez les Sunaris, lui avait transmis un message plus qu’ennuyeux.

« - Ethalion, Nova vous fait passer le message que le Sage a convoqué une réunion des puissants. Maintenant que les Empires ont commencés à se rebâtir, une assemblée doit avoir lieu pour rétablir les relations entre les peuples. »

« - Et pourquoi Nova ne s’en occupe pas ? »

Sur le coup, sa réplique lui avait semblé intelligente. L’envoyée lui avait simplement lancé un regard ennuyé. Elle aussi était habituée au comportement de sa chef. Après tout, elle avait choisi de se lier à elle lorsque son don s’était montré incontrôlable et désormais, elle pouvait la sentir et la retrouver dans tout Nova Nunc. Rares étaient les personnes comme Sila, qui avaient hérité d’une mutation aussi particulière. Dans le désert, elle était la seule. Pourtant, elle avait entendu parler de cas pareil chez les Azuriens. Sortant sa chef de ses pensées, la femme avait soupiré.

« - Vous êtes le chef des Sunaris, et c’est donc à vous d’aller parler avec les autres souverains. Ne faîtes pas l’enfant. »

« - Typiquement Novaque, comme remarque. Écoute Sila, de toute façon, la coutume demande à ce que je sois accompagnée d’un conseiller. »

La Sunaris avait haussé les épaules.

« - Votre mari vous fait dire que vous n’avez qu’à y aller sans, personne ne vous en voudra, compte tenu de la situation. De plus, il n’a pas envie de s’engager dans un si long voyage, la gestion des tribus lui demande beaucoup de temps. »

Ethalion leva les yeux au ciel. Du temps !? Elle avait géré les tribus pendant de longues années, et elle avait tout de même réussi à assister aux Assemblées ! Nova se moquait d’elle, c’était sûr et certain ! Il voulait la ridiculiser et… Non, ce n’était clairement pas son genre. En fait, il avait sans doute dit la vérité. Avec la reconstruction et la réorganisation, il devait consacrer énormément de temps aux leurs. Elle soupira.

« - Très bien, j’irai. Dis à mon ‘’cher mari’’, que je lui ramènerais un cadeau lorsque je repasserai à la maison. Et dis-lui bien que ce cadeau a des dents. »

Non, elle n’avait pas encore de cadeau pour Nova, mais elle nota mentalement qu’elle devait lui ramener la plus horrible créature qu’elle croiserait dans son voyage. S’il devait s’occuper d’un monstre au sens littéraire, il oublierait peut-être de s’occuper du « monstre lunatique » qui dirigeait les Sunaris. Se faire oublier un moment ne lui aurait pas fait de mal. Pourtant, elle avait accepté.
Et c’est pourquoi elle se retrouvait en plein milieu de cette forêt, en train de progresser vers le Nord-Est, pour arriver sur les Territoires Neutres, puis à Blanroc, où le Sage l’accueillerait en lui donnant une chambre a peine assez grande pour elle et son animal. Oui, elle détestait les Assemblées, et ça ne remontait pas à hier. En fait, ça avait sans doute été le seul avantage des invasions extra-terrestres. Pas d’Assemblées à honorer de sa présence, et pas de puissants à saluer et devant qui courber l’échine. Grrr ! Après un long soupir, elle releva la tête et croisa le regard de son chien. Immédiatement, son visage s’illumina.

« - Tu sais quoi, Rion ? »

Évidemment, la bête ne lui répondit pas et resta immobile, à attendre qu’elle ait enjambé l’arbre mort qui lui barrait la route. Les chemins n’avaient plus été utilisés depuis longtemps, et leur état était déplorable. Bientôt, les marchands se remettraient à avancer sur ces routes, et elles récupèreraient leur praticité d’antan.  

« - Pour une fois, l’Assemblée pourrait s’avérer amusante. Les anciens chefs barbants ont sans doute été renversés, ou sont morts. Alors qui sait ? Les nouveaux souverains seront peut-être amusants ! »

Rion aboya, comme pour appuyer les propos de sa maîtresse, bien que ce fût impossible puisqu’il n’en comprenait pas un mot. Regagnée par son enthousiasme habituel, la lunatique petite chef attrapa sa gourde et avala goulument un peu d’eau avant de se mettre à fredonner un air traditionnel Sunaris. Bien sûr, elle ne pourrait pas rejoindre Blanroc avant quelques jours, mais au moins, elle n’était plus abattue par l’idée de devoir se montrer devant tous ces gens pompeux et trop sérieux. En y repensant, elle se maudit de ne pas avoir pris avec elle une tenue un peu plus adaptée pour ce genre de situation. Après avoir compris qu’on la dévisageait partout à cause de ses vêtements du désert, elle les avait vendu et avait acheté des vêtements plus fidèles aux habitudes des Acadéens. Bon, Sila y avait pensé, mais si le choix lui était revenu, elle n’aurait pas pris cette tenue traditionnelle beaucoup trop pompeuse. Avec un nouveau soupir, Ethalion passa sa main sur le tissu soyeux qui dépassait un peu de sa besace. Au moins, elle était sûre que ce serait confortable à porter, pas comme ce que les Acadéens ou Azuriens appelait : « robe ». Elle en avait essayé une, une fois, mais le corset, les longues jupes encombrantes et les millions de fils à attacher l’avaient découragé. Elle préférait les pantalons et les chemises. En reprenant un train plus rapide –le terrain était plus dégagé-, elle repensa au fait qu’elle n’avait pas de conseiller. La coutume exigeait que les chefs soient accompagnés et conseillés lors des réunions de puissants, car ses décisions influenceraient toutes les tribus, et un appuie représentant le peuple était toujours bienvenue. Pourtant, pour la première fois depuis que les Assemblées existaient, le dirigeant des Sunaris se présenterait seul. Voilà un nouvel élément à lui plomber le moral.

« - Oh et puis zut ! Je suis capable de prendre des décisions toute seule, comme une grande. Nova n’en reviendra pas. Je rachèterais la production de poissons des Marins et toute la poudre à canon des autres royaumes, je deviendrais riche, et on mangera du saumon pour le reste de l’éternité ! »

Elle ponctua son discours d’un rire semi-diabolique semi-amusé par sa blague. Rion revint alors vers elle et se mit à gémir, mais Ethalion se contenta de s’immobiliser.

« - Qu’y a-t-il Rion ? Tu n’es pas d’accord avec mon idée ? Ou alors il a du danger ? Ca faisait un moment que je n’avais dégainé mes chakrams, un peu d’entraînement ne me ferait pas de mal ! Alors, qu’est-ce que c’est ? Des poizards ? Ou des loups ? »

Le chien continua de gémir et tenta même de pousser sa maîtresse un peu plus loin, pour qu’elle fuie. Ce n’était pas dans les habitudes de Rion d’agir ainsi. Son comportement intrigua d’autant plus la Sunaris, et sans se préoccuper des avertissements de l’animal, elle avança dans la direction opposée à celle qu’il lui indiquait. Alors qu’elle s’enfonçait dans les sous-bois, un cliquetis peu rassurant se fit entendre. Autour d’elle, les arbres semblaient lui murmurer de fuir et de retourner de là où elle venait. La chef posa sa main sur la garde de son immense chakram et en défit rapidement les sangles. Cette arme avait beau être difficile à manier, ses années d’entraînement lui avaient permis de devenir une pro, comme la plupart de ceux de son ethnie. Soudain, elle posa son pied sur quelque chose de gluant rappelant un peu de la… bave ? Et à ce moment, quelque chose la heurta violemment dans le dos, si fort qu’elle fut projetée dans les airs. Le choc lui coupa le souffle, et elle ferma les yeux en attendant de se recevoir brutalement sur le sol plein de racines. Pourtant, elle retomba sur quelque chose d’étrangement mou et soyeux. Un peu perdue, elle tenta de remuer pour comprendre ce qu’il lui arrivait, mais comme si ses mains étaient menottées, elle pouvait à peine bouger. En plus, son chakram de combat était tombé sur le sol, à quelques mètres d’elle. Comment se faisait-elle qu’elle soit maintenue dans une position verticale ? La chef Sunaris tourna difficilement la tête, pour se rendre compte qu’elle avait atterri dans la toile d’une araignée géante. Contrairement à toute attente, elle se mit à sourire. Jusqu’à maintenant, elle n’avait affronté que de petits monstres, comme les poizards, mais se retrouver face à une araignée géante ! Voilà qui lui offrait un véritable défi. Bon, pour le moment, elle était immobilisée, mais elle devait simplement trouver un moyen de se sortir de là. Avec toute sa force, elle tenta d’atteindre ses chakrams de lancer, attachés à sa ceinture, mais impossible. Et une présence juste au-dessus de sa tête la coupa dans son élan. Un peu de bave dégoulina le long de son épaule et elle eut un petit rire.

« - Bonjour Mademoiselle ! Ou Monsieur. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis un peu pressée, on m’attend à Blanroc. Auriez-vous la gentillesse de me laisser repartir ? »

La seule réponse qu’elle obtenue fut un… rugissement d’araignée ? Enfin, elle ne pouvait pas vraiment appeler cela un rugissement. On aurait plus dit un grognement mêlé à des cliquetis insupportables et un gargouillement dû aux tonnes de baves que produisait ce monstre.

« - Je suppose que ça veut dire non. »

Au loin, elle pouvait entendre les aboiements de Rion, qui faisait son possible pour distraire l’araignée. Inutile.
Le monstre approcha l’une de ses grandes pattes de la joue de la Sunaris et la fit lentement glisser le long de sa joue. Le légendaire tranchant des araignées géantes n’était donc pas exagéré ! Elle se retint pourtant de hurler de douleur tandis que son sang coulait et se contenta d’essayer de mordre la partie tendre de la patte qui lui entaillait la chair. Bien sûr, lorsqu’elle y parvint, le monstre n’apprécia pas vraiment et leva sa « lame » pour en finir une bonne fois pour toute avec cette proie combative. Alors qu’elle s’apprêtait à lui écraser la tête, un bruit étrange retentit. Un peu comme un « aouch » lâché un peu trop loin pour être bien entendu. Ethalion et l’araignée eurent toutes deux le réflexe de lever la tête vers la provenance du bruit. Sûr que sa proie actuelle ne pourrait s’enfuir de la toile, le monstre laissa la Sunaris seule pour se diriger vers la source du bruit. Une autre victime à mettre sur le menu ne se refusait pas si facilement, quand on était une araignée. Comme à chaque fois qu’elle se retrouvait dans ce genre de situations et que la chance lui souriait, Ethalion remercia Aramédia, sa Déesse vénérée, et commença à se débattre pour s’échapper de la toile. Contre ses hanches, ses chakrams commençaient à entailler les fils blancs, tout comme les deux tranchants de sa lance, placée dans son dos. Pourtant, ça ne suffirait pas. Usant de toute sa force, la Sunaris rapprocha au maximum sa main droite de son arme de jet. Après plusieurs secondes d’intenses efforts, elle réussit à agripper le cuir de la garde et détacha immédiatement les sangles. Dans son élan, elle laissa une longue estafilade dans la toile de l’araignée. Maintenant sa première main libérée, détruire ses liens ne serait plus très difficiles à détruire. Ainsi, quelques secondes plus tard, elle fut complètement libre. Poisseuse de bave et de restes de toiles, mais libre. Au loin, les cliquetis de l’araignée et les aboiements de Rion continuaient de se faire entendre. La Sunaris se jeta sur son chakram de combat tombé un peu plus tôt et se dirigea vers la provenance des bruits. Lorsqu’elle déboucha sur la route, elle vit l’araignée menacer de ses mandibules un pauvre géant armé d’un arc. Son chien adoré se tenait entre le monstre et sa proie, comme pour protéger cet homme qui faisait au moins milles fois sa taille. Sans attendre un instant, parce que sincèrement, ce gringalet n’avait aucune chance de tuer cette araignée avec seulement quelques flèches, Etahlion attaqua la première. Usant de ses années d’entraînement, elle se glissa à semi sous la créature et fit tourner son chakram de manière à pénétrer ses chairs assez profondément pour la faire hurler de douleur. Evidemment, dans cette position, le sang lui tomba dessus, mais elle ne s’en soucia pas immédiatement. Lorsque l’araignée essaya de l’attaquer avec ses pattes, la jeune femme lâcha son arme et roula plus loin. Oubliant la présence du chien et de l’homme, les deux adversaires se plongèrent dans le combat. La lame restée enfoncée dans le corps de l’araignée continuait de l’affaiblir et de la faire souffrir, mais elle décuplait aussi sa rage, rendant le monstre plus redoutable encore que d’habitude. Avec une dextérité propre à ceux de sa race, Ethalion dégaina sa double-lance et se positionna comme elle l’avait appris, prête à achever son ennemi. Elle n’eut pas à attendre longtemps, la créature se précipita vers elle, lançant ses « lames » en avant pour la toucher. Grâce à la longueur de sa lance, elle put parer les deux attaques en même temps et réussit même à trouver l’ouverture parfaite pour enfoncer le premier côté tranchant de son arme entre les yeux de l’araignée. Au moment où elle toucha le cerveau, tuant définitivement sa victime, elle perdit l’équilibre et s’étala sur le corps juste mort de son adversaire. Elle évita de justesse les derniers mouvements post-mortem et se releva en vitesse. Avec un soupir, elle s’essuya le visage. Sa blessure la faisait à peine souffrir. Merci l’adrénaline. Couverte de sang, de bave et de bouts de toile, elle grogna. Son chakram était coincé sous la carcasse. Elle allait devoir toucher le cadavre. Mais avant cela, elle releva la tête vers le géant d’un peu plus tôt et lui offrit un large sourire.

« - Merci d’avoir détourné son attention, elle était sur le point de m’avoir quand tu es arrivé. Je suis Ethalion, et toi ? »

Sans vraiment attendre la réponse de l’inconnu, elle s’approcha et le détailla. Il était grand, au moins deux fois sa taille (bon, elle exagérait peut-être un peu), et il était pied nu. Oui, en pleine forêt, cet homme se baladait pieds nus. En même temps, vu la taille de ses pieds, elle comprenait. Peu de gens devaient vendre des chaussures adaptées à un géant. En dehors de ses pieds, Ethalion ne pouvait nier qu’il était attirant. Beaucoup trop grand, mais attirant. Ce genre de beauté simple, d’un calme serein et paisible. Il avait un physique apaisant, et il s’accordait à la forêt. En fait, elle trouvait qu’il ressemblait à un diplomate. Un diplomate… En forçant contre le cadavre, elle réussit à libérer son chakram, qu’elle lava brièvement avec un tissu déjà imbibé de sang séché. Sa lance subit le même traitement et les deux armes retrouvèrent leur place dans le dos de la petite guerrière. Pour récompenser Rion, elle lui donna la permission de grignoter un peu la chair nauséabonde de la créature morte.
Se retournant encore une fois vers l’homme, Ambroise, si elle avait bien entendu, elle resta immobile un moment, à juste le regarder. Une idée était en train de se former dans sa tête.

« - Écoute, tu as l’air sympathique. Je suis en route pour Blanroc pour l’Assemblée des Royaumes qui doit avoir lieu dans quelques jours. »

Elle lui offrit un autre sourire et lui agrippa la main. C’est bon, elle avait trouvé son conseiller ! Avec entrain, elle s’engagea vers le chemin. Pourtant, alors qu’elle s’attendait à ce qu’il la suive docilement, comme Rion le faisait, il resta immobile. Elle eut beau y mettre toute sa force, elle ne réussit même pas à le faire bouger d’un centimètre. Un peu embêtée, elle se tourna vers lui.

« - J’ai besoin d’un conseiller, et ce sera toi ! Allez, en route pour Blanroc ! »

Et sans autre mot, elle le lâcha et continua à avancer. Libre à lui de la suivre ou non, mais sincèrement, qui refuserait une telle occasion d’être présentée aux puissants ? Au loin, elle entendit Ambroise soupirer. Non, elle ne l’avait pas écouté un seul instant, n’avait pas répondu à ses questions, mais elle le trouvait sympathique. En plus, il avait une tête de diplomate paisible ! Avec lui, impossible que les puissants ne l’écoutent pas !
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Adrien de Forne
 
 
Adrien de Forne


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MessageSujet: Re: La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien   La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien EmptyMer 12 Oct 2016, 21:25

À la lueur des quelques chandelles présentes dans la pièce, Adrien était assis sur une chaise, les jambes croisées. Les murs de calcaire de Blanroc lui donnaient très froid bien qu’il portait déjà une veste. En plus de cela, il n’était pas habitué au climat légèrement nordique de l’endroit.
Il regardait son fils de huit ans dormir dans le lit devant lui. Il réfléchissait à tout ce qui pouvait lui venir à l’esprit ces temps-ci : aux invasions extraterrestres, au royaume d’Acade et même au futur de Novanunc. La tête bien accotée sur sa main, il fixait maintenant le fond de la pièce d’un regard vide, perdu. Il se demanda pourquoi il avait voulu être le premier présent à la chambre. Peut-être par prétention, pour pouvoir accueillir les autres, il ne le savait même pas puisqu’il était trop confus dans ses pensées. Alors qu’il se levait pour aller chercher quelque chose à manger, l’hôte entra. Un vieux monsieur, à la peau ridée. Il vint le voir et entama une conversation :

– Messire, j’ai installé la nappe, les ustensiles et le reste, dit-il. Tout est prêt.

– Bien, répondit Adrien.

Silence.

– Voulez-vous bien me dire pourquoi suis-je venu si tôt? demanda-t-il encore.

– Et bien… Je ne sais pas vraiment, messire. Je…

– Arrêtez de m’appeler messire! Juste monsieur, ça suffit. C’est vous qui qu’on devrait appeler messire, avec votre si grande réputation de sage. Et ne vous avisez pas, demain, d’appeler les hommes « messire » et les femmes « mademoiselle ». C’est « monsieur » et « madame ». Le monde a changé, il n’y a plus de grandes monarchies comme avant.

– Mais vous êtes roi, Adrien, contesta l’hôte.

– Je s… Sortons, voulez-vous? répondit-il en chuchotant pour ne pas réveiller le dormeur.

Ils sortirent alors de la chambre du jeune garçon, puis allèrent dans le corridor. Un long couloir, large mais bas, s’allongeait devant eux, sur des dizaines de mètres. Ils continuèrent alors la conversation.

– Je suis roi, certes, reprit Adrien. J’ai tous les pouvoirs, je vous l’accorde, mais j’ai été élu. Élu par démocratie, après la mort du roi pendant les invasions des extra-terrestres. Et mon fils ne sera pas nécessairement roi comme dans les lignées d’antan.

La situation devenait tendue et les deux hommes commencèrent à s’égarer dans des débats inutiles. Le vieux monsieur, dont Adrien avait oublié le nom et avait oublié de le lui demander —  il s’appelait Rodrigue —, était pro-monarchie, comme dans l’« ancien-temps », c’est-à-dire avant les invasions extra-terrestres, tandis qu’Adrien préférait la démocratie et la diplomatie, et est plus proche de la communauté, en prenant des décisions non en faveur de la famille royale, mais en faveur du peuple. C’était précisément cette idée qu’Adrien voulait faire comprendre à Rodrigue.

– Vous n’êtes pas sorti d’ici depuis combien d’année? demanda Adrien (bien-sûr, c’était une question rhétorique). Quand les dieux vous ont nommé, le monde était dans un état prospère et les rois décidaient tout. Maintenant, ce monde a changé, il fait partie du passé. Il est temps que vous changiez aussi, Rodrigue. C’est pourquoi les dirigeants des pays vont venir ici, demain soir, si vous ne saviez pas. Je les attend tous autant qu’ils sont : Ethalion, du Sunar, Masha, de la forêt des Sauvages, Alistair, d’Azur, et les chefs barbares et montagnards. Il faudra d’ailleurs penser à trouver un nouveau nom pour les Sauvages. Cela fait trop penser à l’adjectif « sauvage ».

Après ce long monologue, le roi d’Acade était essoufflé. Ironiquement, ce dernier connaissait Rodrigue, mais il avait simplement oublié le nom. Et bien qu’ils étaient en désaccord, les deux hommes faisaient preuve d’un respect mutuel.

Il était rendu plutôt tard à Blanroc. Adrien était fatigué et, étant arrivé dans l’après-midi, décida d’aller se coucher. Il marcha donc, lentement, jusqu’à la chambre où son garçon dormait. Comme la Cuninae qui veille sur les jeunes enfants dans leur berceau, le père se pencha sur son fils et lui donna un léger baiser sur le front. Il s’étendit ensuite à son tour sur le lit d’à côté, puis s’endormit à peine quelques minutes plus tard.

Le lendemain, Adrien se fit réveiller par son fils : « Papa, papa! » avait-il crié. « Regarde ce que j’ai trouvé! » dit-il, en montrant à son père une épée. C’était une épée neuve, sublime, une de ces épées que l’on tient à une main et avec lesquelles vous pouvez trancher presque n’importe quoi. Son père l’avertit de bien faire attention, car ce sont des outils dangereux à manier. Il le laissa ainsi, toute la journée, toucher un peu à tout et explorer l’endroit, puisque c’était la première fois que le jeune venait ici.

En fin d’après-midi, environ quatre heures avant l’heure prévue du souper, alors qu’Adrien lisait un livre, il entendit des bruits de pas. Rodrigue faisait une sieste dans sa chambre. Le roi d’Acade se leva donc et se déplaça en direction d’où venait le bruit. Puisque les invités étaient supposés arriver dans moins de trois heures, il se dit que c’était peut-être l’un des invités, mais peut-être aussi un intrus indésirable. « On est jamais trop prudent » pensa-t-il. Les pas se firent de plus en plus forts, et Adrien vit un jeune femme devant lui. Elle était probablement dans la vingtaine, et il la reconnu presque aussitôt. C’était Mascha Renard, la cheffe des Sauvages et, en guise de respect, Adrien chercha immédiatement une phrase de bienvenue à dire. Une seule lui vint assez rapidement à l’esprit.

– Bienvenue madame Renard! Avez-vous passé un bon voyage?


Dernière édition par Adrien de Forne le Lun 24 Oct 2016, 19:10, édité 1 fois
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Ambroise Chevalier
 
 
Ambroise Chevalier


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MessageSujet: Re: La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien   La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien EmptyVen 21 Oct 2016, 21:18

Allongé sur une roche, le regard dans le vide et les bras lâchement étendus en croix, Ambroise réfléchissait.

Pour le spectateur moyen, l’homme aurait pu sembler s’abandonner à la paresse, ou même au désespoir. Ah, pêché, quand tu nous tiens!

Mais, un spectateur attentif décèlerait immédiatement le léger tapotement des doigts sur la pierre, ou encore la crispation de la mâchoire de l’inconnu, signe d’une intense réflexion.

Car Ambroise, encore une fois, était plongé dans une de ses légendaires crises existentielles.
Quitter sa tribu, c’était bien beau, mais il n’avait absolument aucune idée d’où aller, ou de comment se débrouiller dans ce monde aux mille dangers. Cela faisait déjà un mois qu’il errait au hasard de ses envies, sans avoir de direction bien précise. Son insouciance, qui pouvait aussi bien être caractérisée d’imprudence, l'étonnait. Lui qui, auparavant, aurait pensé et repensé aux moindres détails d’une expédition, se retrouvait au milieu de nulle part, les cheveux en bataille et les mêmes vêtements sur le dos depuis dieu ne sait combien de temps. Décidément, l’esprit humain était vraiment étonnant.

Dans un soupir, l’homme se releva.  Et se prit une branche d’arbre dans le front. Au point où il en était, cela ne le dérangeait vraiment plus. Attrapant son carquois et sa besace, il se remit en route, sa grande silhouette se mêlant aux arbres de la forêt. Et il se reprit une branche dans le front, parce qu’il regardait ses pieds au lieu de regarder devant lui. Décidément, ce n’était vraiment pas son jour.

Il massait son front endolori quand il crut entendre une voix de femme, suivie d’aboiements furieux. Sortie de nulle part, une créature qui ressemblait fort à un ours sauta sur lui.

-Aouch! Fit-il en tombant pathétiquement sur le sol.

Le monstre était sur lui, il approchait de plus en plus sa gueule béante aux crocs acérés, quand soudain il sortit sa langue dégoûtante et il se mit… À le lécher? Ouvrant les yeux, Ambroise comprit à sa grande honte que ce qui l’avait attaqué n’était pas un ours, mais bien un chien qui ne semblait pas particulièrement méchant ni intelligent (les chiens n’avaient jamais l’air très intelligents selon lui).

Espérant que personne, et surtout pas la femme qu’il avait entendue, ne l’avait vu, il se releva prestement et épousseta ses vêtements dans un geste inutile. Lorsqu’il releva les yeux, le chien s’était placé devant lui et aboyait frénétiquement en direction des arbres. Des grincements et des cliquetis lui parvenaient de la direction indiquée par la bête. Un frisson d’horreur lui parcourut l’échine. Reprenant son sang-froid, il tenta d’analyser ses possibilités de fuite, mais la créature l’avait déjà rejoint, et elle ne semblait pas particulièrement encline aux compromis.

Devant lui se tenait la plus affreuse, la plus effrayante, la plus grosse, mais surtout la plus affamée des araignées géantes qu’il n’ait jamais vu (bon, c’était la première qu’il voyait, mais elle lui semblait si disproportionnée…) Dans un réflexe bien dérisoire, il attrapa son arc, sachant pourtant pertinemment que seule sa ruse pourrait le sauver, l’araignée se déplaçant bien plus vite que lui.

Alors qu’il contemplait sa mort prochaine, à la recherche d’une manière de s’échapper de ce mauvais pas, l’araignée poussa un rugissement de douleur qui fit s’envoler tous les oiseaux du coin. Sous la créature était apparue une petite femme qui semblait bien innocente mais qui lui plantait pourtant une lame acérée dans l’abdomen. Dans un combat digne d’un film d’action à grand budget, qu’Ambroise ne put jamais relater tant il était sous le choc de cette apparition, la guerrière acheva l’araignée comme si cela faisait partie de sa routine matinale. Puis, semblant remarquer pour la première fois la présence de l’homme, elle releva la tête vers lui en lui souriant.

«-Merci d’avoir détourné son attention, elle était sur le point de m’avoir quand tu es arrivé. Je m’appelle Ethalion, et toi?»

Sans attendre sa réponse, la petite combattante s’avança vers lui et le détailla de la tête aux pieds. Ambroise pensa en son fort intérieur qu’elle était vraiment, vraiment petite. Ou peut-être était-ce lui qui était démesurément grand. Peu importe, il faisait au moins 3 têtes de plus qu’elle.

Son regard s’attarda sur ses pieds nus, comme tout le monde. Oui, il se promenait pieds nus, est-ce qu’on pouvait le laisser tranquille maintenant?! Qu’ils essayent de se trouver des chaussures confortables avec une pointure pareille…

Elle retourna à ses armes, et Ambroise tenta de la remercier.

«-J’apprécie beaucoup votre aide… Mais dites-moi, auriez-vous une idée de la direction à prendre pour rejoindre le Royaume d’Acade?»

L’étrangère se retourna vers lui, et comme si elle n’avait pas écouté un mot de ce qu’il avait dit, elle le regarda, et une étincelle s’alluma dans ses yeux, signe qu'elle venait d’avoir une idée lumineuse.

«-Écoute, tu as l’air sympathique. Je suis en route pour Blanroc  pour l’Assemblée des Royaumes qui doit avoir lieu dans quelques jours.»

Puis elle lui agrippa la main et le tira derrière elle. Du moins elle essaya de le tirer. Pour être bien honnête, Ambroise ne sentit presque rien, à part une légère traction dans son bras. Comment une personne pouvait tuer une araignée géante de sang-froid mais avoir la force d’une fillette? C’était un mystère. Amusé, le géant la regardait faire avec un sourire en coin. Cette petite lui semblait bien sympathique, quoique un peu tête en l’air.

«-J’ai besoin d’un conseiller et ce sera toi! Allez, en route pour Blanroc!»

Puis elle le lâcha et s’éloigna en feignant l’indifférence. Malgré ce qu’il tentait de se faire croire raisonnablement, il mourrait d’envie de suivre la jeune femme. De plus, il serait bien mieux à Blanroc, parmi les puissants de ce monde, qu’errant en solitaire dans la forêt.

Soupirant pour la forme, il se mit en marche calmement. Décidément, c’était un bien drôle de jour.

En quelques enjambées, il rattrapa Ethalion.

«-Alors… Blanroc, ça veut dire que t’es quelqu’un d’important?»

Pas de réponse.

«Ou que tu as une dette envers quelqu’un, peut-être?»

Toujours pas de réaction. Étonné, Ambroise se tourna vers sa compagne. Celle-ci ne l’écoutait pas, mais alors pas du tout. Elle observait son chien qui lui avait rapporté un bout de patte de l’araignée, en guise de trophée.

«-Bravo! Bon chien! C’est qui le bon chien? C’est toi! Mais oui c’est toi!»

Soupir. La route serait longue. Malgré tout, Ambroise la trouvait charmante. Un peu écervelée, mais sympathique. Elle lui avait tout de même sauvé la vie.

Pourtant, il aurait bien aimé qu’elle réponde à ses questions… Disons que le contexte de cette expédition pour Blanroc était… un peu flou. Il revint à l’attaque quelques heures plus tard.

«Donc… Pourquoi tu te rends à Blanroc déjà?»

Ethalion se retourna vers lui, et sembla se rendre compte de sa présence pour la deuxième fois.

«Pour l’Assemblée des Chefs, bien sûr!»

Elle observa un temps de réflexion, puis continua, plus pour elle-même.

«Je pense que c’est une information confidentielle.»

Ambroise était étonné, mais, fidèle à lui-même, il n’en laissa rien paraître. Ainsi donc, elle avait été convoquée à l’Assemblée, la réunion la plus officielle qui soit! Elle devait donc occuper un poste très important… Dans ce cas, pourquoi l’avoir choisi lui comme conseiller? Vrai, il avait toujours eu une certaine aisance à s’exprimer devant les foules, surtout lorsqu’il racontait ses légendes favorites, mais il ne connaissait rien à l’administration d’un territoire ou à la manière de gérer des conflits…

«-D’accord.»

Et ce fut à peu près le dernier mot qu’il prononça ce jour-là.

Les autres jours furent très semblables, silencieux et calmes. Un pathétique poizard fit irruption à un moment, mais son cas fut vite réglé. À part ça, les deux compagnons ne se parlaient pas vraiment, sauf pour se dire des choses vraiment importantes. Aucun des deux n’avait l’envie de combler le silence avec des banalités: ils préféraient de loin le laisser s’installer et profiter pleinement de ces moments sereins. Ambroise, habitué à la quiétude de la forêt, se sentait comme de retour chez lui, avant le fameux incident qui lui avait dérobé sa famille. Le contact de la terre sous ses pieds nus lui semblait encore plus apaisant que d’habitude, l’air, encore plus vivifiant.
C’est dans cette atmosphère plaisante qu’ils atteignirent Blanroc, à l’aube du quatrième jour.
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MessageSujet: Re: La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien   La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien EmptyMer 09 Nov 2016, 23:18


J’entendis Otto cogner à ma porte calmement et je pus sentir sa mâchoire se crisper de plus en plus fort à chaque seconde qui s’écoulait pendant laquelle je ne lui permettais pas d’entrer dans ma chambre. Je voulais bien ouvrir la bouche et l'inviter à l’intérieur, mais je fixais le plafond depuis au moins une heure déjà et je dois avouer qu’il m'est beaucoup plus facile et relaxant de rester comme ça des heures et des heures que d’ouvrir ma bouche, plier ma langue en d'étranges formes et faire vibrer mes cordes cordes vocales pour calmer mon conseiller impatient. D'un autre côté, il est aussi plus facile de faire tous ces efforts si c'est pour s'éviter un sermon de ce même conseiller. Avec la plus grande lassitude et le plus profond des soupirs, je donnai enfin ma permission pour qu'il puisse entrer. Dès qu'il poussa la porte, je fermai les yeux et ne bougeai plus.

-Bon matin Mascha!

Je fis la morte.

-...tu viens juste de me parler, Mascha, je sais que tu ne dors pas.

-Si je ne le vois pas, il n'est pas là, si je ne le vois pas, il n'est pas là, si je ne le vois pas, il n'est pas là...

-Okay, c'est ridicule, tout ça.

-Shhhhhhh

-Mascha, ressaisis-toi maintenant, arrête de te conduire en enfant, ce n'est pas une attitude digne d'une chef, voyons!

Je soupirai à nouveau profondément et j'ouvris finalement les yeux. Je m'assis dans la direction d'Otto et le regardai d'un air suppliant.

-Qu'est-ce qu'il y a à faire encore? Pourquoi est-ce que tu peux pas me laisser tranquille?!

-Parce que, tu es la nouvelle chef des Sauvages, une nation hautement respectable qui existe depuis l'aube des temps, et donc, tu dois te comporter comme telle, pas comme une stupide enfant pleurnicharde de 25 ans!

-Mais j'ai 20 ans, justement! Et à peine la semaine dernière! Comment veux-tu que je fasse ce travail si même toi t'as pas confiance en moi? Et tu sais quoi? T'as raison! Je ne suis pas apte à faire ce job, mes parents se sont trompés, je n'ai rien d'une leader!

Je tournai la tête pour cacher mes yeux pleins de larmes et tentai de les ravaler. Otto avait raison sur toute la ligne, j'étais une stupide enfant pleurnicharde. En plus de ne pas être capable de faire le travail pour lequel on m'a formée toute ma vie, j'étais incapable de contrôler mes émotions. Pathétique. Otto resta silencieux pendant un moment, puis il s'approcha lentement de moi, s'assit sur le bord de mon lit--chose qu'il n'avait jamais faite de toute ma vie, et qu'il n'avait sûrement jamais faite avec mes parents, malgré leur grande amitié--, me prit le menton entre ses doigts usés par le temps et le labeur et me regarda à travers ses lunettes ovales simples avec ses yeux noirs pétillants de vie et de détermination.

-Mascha...tout va bien aller, je te le promets. Lorsque je regarde dans tes yeux, je vois ta mère, et pas uniquement à cause de leur couleur bleu ciel; je vois sa force et son courage. D'accord?

-D'accord...

Je parlais comme une enfant de cinq ans à qui on essaye de faire avaler qu'il n'y a pas de monstres sous son lit.

-Super!! Donc, tu m'as demandé ce qu'il y avait à faire encore, eh bien, nous devons nous rendre à une réunion très importante à Blanroc qui rassemble tous les grands souverains de notre continent pour parler du problème avec les extraterrestres. Ne t'inquiète pas, comme je l'ai dit plus tôt, je vais t'y accompagner et te conseiller. Tu ne seras pas seule devant tous ces gens qui semblent à première vue imposants--en passant, la plupart ne le sont pas vraiment.

Je le regardai avec désespoir et frustration, comme pour lui dire, es-tu sérieux?, les yeux encore rouges de ma crise de nerfs. Il m'ébouriffa les cheveux avec affection en souriant.

-Tu vas voir, tout va bien se passer. Allez maintenant, habille-toi et prépare tes affaires, nous partons dans une heure et demie!

Je poussai un grognement frustré et me cachai le visage dans mon oreiller. Parfois je voudrais que cet oreiller me cache en entier.

. . .

Le voyage vers Blanroc fut épuisant, mais pas particulièrement long. Cing jours et demi passèrent et nous étions arrivés devant l'espèce de rocher imposant fait de calcaire qui servait de lieu de rencontre pour toutes les personnes les plus importantes de notre monde. À cette pensée, je me figeai les yeux grands ouverts et la mâchoire crispée. Je ressemblais à Otto lors des funérailles de mes parents; effrayé et désespéré. Ce dernier s'approcha de moi et me regarda doucement. J'avais beaucoup droit à ce regard ces derniers temps, un mélange d'amour et de pitié. Je n'étais pas sûre de l'apprécier beaucoup.

-Ça va bien aller, je suis sûr qu'il n'y a encore personne de toute façon. Allez, vas-y, je te suis.

-Pourrais-tu passer en premier? S'il-te-plaît?

-Non, ça doit être toi. C'est toi la chef, après tout.

Je hochai la tête avec peu de conviction et regardai la porte avec peur, puis détermination, puis je m'avançai vers elle, et entrai dans un tunnel de calcaire froid. Je marchai pendant quelques secondes, et finalement aboutit dans une grande pièce froide où, étant déjà très effrayée et tendue, je faillis crier lorsque, sortit de nulle part, un homme à l'air sévère et légèrement inquiet, apparut devant moi. Nous nous fixâmes un bref instant sans savoir quoi dire. Je sentais le regard de Otto dans mon dos se faire de plus en plus insistant et gêné. Finalement, l'homme prit la parole et je pus respirer un peu plus facilement.

-Bienvenue madame Renard! Avez-vous passé un bon voyage?

-Comment savez-vous mon nom?

Le regard de mon conseiller me brûla le dos. L'homme fronça très légèrement les sourcils, mais répondit calmement.

-Eh bien, vous êtes plutôt reconnue, maintenant que vous êtes Chef des Sauvages.

-Ah, mais oui, évidemment... Ah, et, oui, le voyage s'est bien passé, merci de demander.

Il y eut encore un silence quelque peu malaisant qu'Otto brisa en parlant amicalement à l'homme qui, je l'appris à ce moment, était le roi du grand royaume d'Acade, Adrien de Forne. Je ne l'avais jamais vu que de loin et il avait beaucoup changé depuis la dernière fois où je l'avais vu, il y a quelques années, avec mes parents. Les invasions avaient dû le hanter jour et nuit pendant ces dernières années... Je me rendis compte qu'il avait remarqué que je le fixais et donc je commençai à fouiller du regard la pièce pour trouver un sujet de conversation pour tenter de me rattraper sur ma première impression ratée. Je remarquai un petit garçon endormi près d'une grande chaise et allait demander au roi si c'était son fils, lorsqu'on entendit tous des bruits de pas venant du tunnel par lequel j'étais moi-même passée il y a environ cinq minutes. Rapidement, Otto me poussa derrière lui, sortit son épée de son fourreau et la brandit devant lui avec véhémence. Après quelques secondes d'attente, apparurent deux étranges personnages, l'un très grand et ennuyé, l'autre très petite avec un sourire en coin. Je la reconnus rapidement, la chef des Sunaris, et un sentiment de désespoir et de peur m'inondèrent, car cela voulait dire que la réunion allait bientôt commencer.
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MessageSujet: Re: La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien   La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien EmptyLun 14 Nov 2016, 21:48

La petite chef s’arrêta un moment pour contempler la porte massive de Blanroc. Voilà des siècles, selon elle, qu’elle n’était revenue ici. La dernière fois remontait à… à avant les invasions. Près d’elle, Ambroise s’était immobilisé lui aussi en voyant qu’elle n’avançait plus. Pensive, elle posa sa main contre le tissu soyeux de la tenue traditionnelle remise par Sila. Devait-elle se changer avant d’entrer ? Les autres dirigeants ne pouvaient pas la voir dans une simple tenue de paysans. Ce n’était certainement pas assez officiel pour eux. D’un bond, elle pivota vers Ambroise et lui tapota le bras avec entrain.

« - Reste ici, d’accord ? Je reviens dans deux secondes ! »

Grâce à une source qu’ils avaient trouvé la veille, elle avait pu se laver et était donc présentable, mais elle tenait quand même à honorer les siens en paraissant devant ces gens pompeux avec la tenue officielle du Sunar. D’un train joyeux et rapide, elle contourna les fondations sculptées dans la roche et s’enfonça dans une fissure qu’elle avait découverte des années plus tôt. Assez grand, cet espace entre deux colonnes de calcaire lui permit de se changer rapidement et de coiffer ses cheveux de manière à leur donner plus de volume. Voilà, elle représentait désormais dignement les Sunaris. Gaiement, elle retourna près d’Ambroise en faisant valser les milles et uns tissus plus ou moins transparent, mais tous dans des teintes de rouge ou de doré, qui ornaient sa tenue. La peau de son ventre et de ses épaules laissée à découvert ainsi que son décolleté ne la gênaient en rien. Même si les Azuriens n’avaient pas l’air de trouver cet habillement convenable, toutes les tribus arboraient ce genre de vêtements après les longues journées de marche, dans les tentes installées pour le campement. Bien sûr, pendant leurs déplacements, ils portaient ce qu’il y avait de plus habillé, pour éviter les morsures mortelles du soleil, mais le soir, une fois en sécurité sous un toit ou la lune tombée, tout était plus beau. Les couleurs virevoltaient près des sources d’eau ou des feux de camp et tout le monde riait. Sa terre natale ne lui manquait pas particulièrement, mais elle savait que ce genre de spectacle serait la première chose devant laquelle elle s’émerveillerait en rentrant.

« - Je suis prête, Ambroise ! »

Son conseiller improvisé la suivit jusqu’à la porte, qu’elle ouvra difficilement, puis dans le large couloir d’entrée. Apparemment, personne n’avait pensé à refaire la décoration, depuis le temps. Au loin, des voix lui parvinrent, qui se turent immédiatement. Étrange. Dans son souvenir, le brouhaha des discussions remontait toujours jusqu’à la porte principale et était si assourdissant que faire entendre son arrivée relevait de l’impossible. Enjouée, parce que tout était si différent, elle avança en sautillant vers la salle d’apparat où aurait lieu la Grande Assemblée. Quelle ne fut pas la surprise de la petite chef de voir une arme pointée sur elle lorsqu’elle entra. Pourtant, fidèle à ses habitudes, elle ne s’en formalisa pas et éclata de rire.

« - Bonjour tout le monde ! Je vous ai manqué ? »

Elle agita les bras en direction des deux dirigeants déjà présents. Si elle se souvenait bien, il y avait là Adrien de Forne, un homme imposant et Roi, au sens démocratique du terme, des Acadéens, ainsi que… Hum… Son sourire redoubla en voyant la petite frimousse d’une nouvelle. Cachée derrière un homme, qu’elle reconnaissait comme Otto, le conseiller des anciens chefs Sauvages, la fille la regardait avec effroi. Faisait-elle si peur que ça ? Alors qu’Adrien, dans toute sa grandeur, s’apprêtait à la saluer, elle s’élança vers ce visage inconnu, le coupant en poussant un petit cri de joie. Rion, qui était jusque-là resté près des jambes d’Ambroise, qu’il avait apparemment adopté comme deuxième maître, reconnut immédiatement Otto. Avec deux gros jappements bourrus, il s’élança vers le conseiller avec entrain et lui sauta dessus. Solide, il ne se laissa pas décontenancer et ne bascula pas par en arrière comme beaucoup l’auraient fait sous le poids du gros animal. Ethalion s’inclina prestement devant l’inconnue, elle n’avait pas oublié les bonnes manières, et lui lança un regard rempli de sa joie naturelle.

« - Salut ! Je suis Ethalion, la chef des Sunaris ! Et toi ? Tu diriges les Sauvages, c’est ça ? Sinon tu ne serais pas accompagnée d’Otto, ça me semble logique ! Tu as un nom ? »

Elle attendit la réponse de l’étrange personnage, qui ne vint pas tout de suite. Avant qu’elle ne puisse s’exprimer, Otto répondit à sa place.

« - Ethalion, je vous présente Mascha. Mascha Renard. Elle est la fille des anciens chefs. »

La petite poussa une exclamation de compréhension et se détourna du visage qui, du coup, ne lui était plus inconnu. Son regard croisa celui d’Ambroise et elle sautilla jusqu’à lui. Faisant face aux membres déjà présents, elle le désigna de ses deux mains.

« - Voici Ambroise ! Mon nouveau conseiller ! »

Personne ne lui fit remarquer qu’il ne ressemblait pas vraiment à un Sunari, mais elle pouvait sentir que tous le pensaient. Mieux valait qu’elle n’avoue à personne comment elle s’était retrouvé accompagné de cet inconnu qui n’en est plus un. En fait, elle n’expliquerait rien à personne, même si on lui posait la question. Enfin, seulement après ce cirque, elle se tourna vers Adrien. Il était clairement l’un des chefs avec qui elle ne pouvait pas se montrer… normale. Du moins, normale dans sa version de la normalité. C’est-à-dire lunatique et excessivement heureuse. Le changement s’opéra donc en elle et son visage devint plus sérieux. Nova dirait qu’elle venait de redevenir la chef des Sunaris.

« - Adrien de Forne, c’est un honneur que de vous rencontrer aujourd’hui. J’espère que les discussions seront brèves et que nous ne nous égarerons pas de notre sujet. Puisse la Grande Assemblée nous porter à tous conseils et apaiser les relations entre nos royaumes. »

Avec grâce, elle s’inclina. Cette formule d’usage lui était restée en mémoire après avoir vu son père la déclamer plusieurs fois lors de chaque Assemblées précédentes. Au loin, on entendit de nouveau des pas, et un chef Barbare ainsi qu’Alistair Cervera, le Roi d’Azur, firent irruption. On les salua dans les règles de l’art et ils furent invités à se joindre aux discussions. Finalement, le chef des Montagnards fut le dernier à arriver. Ethalion les salua tous avec ce sérieux qui contrastait tant avec ses premières impressions sur Mascha. Bien vite, tous les dirigeants se réunirent ensemble autour d’une large table. Le vieillard supposé présider les Assemblées s’avança et demanda à chacun de déclamer son identité. La Sunaris murmura à Ambroise de se nommer et de se dire Conseiller du Peuple du Désert. S’il faisait la gaffe de se présenter comme un voyageur, un vagabond, un fermier, un géant (enfin, peu importe son métier), elle serait bonne pour une série d’interrogations. On lui demanderait comment elle avait osé emmener un étranger et blablabla, espion, blablabla, danger, blablabla. Rien d’intéressant. Les dirigeants se présentèrent donc plus ou moins humblement et la réunion commença officiellement. Le vieillard inaugura l’Assemblée.

« - À tous les nobles dirigeants qui se sont présentés, je vous souhaite la bienvenue. Aujourd’hui, nous nous sommes réunis car les invasions extraterrestres sont définitivement terminées. Comme convenu, chaque Royaume récupèrera ses anciennes frontières, peu importe les coalitions qui ont occupés leur territoire. Chasseurs ou caché, ceci est terminé. Nous sommes désormais Acadéens, Azuriens, Barbares, Montagnards, Sauvages, Marins, Pirates, ou Sunaris. Aucun sentiment de loyauté envers un autre groupe n’est utile dans le nouveau monde que nous devons bâtir. Il est temps de reprendre vos terres en mains ! Cette première Assemblée sonne donc le glas d’une nouvelle ère. On pourrait dire qu’il s’agit là d’un retour à notre ancien mode de vie, mais nous savons tous que rien ne sera plus jamais pareil. Je vous laisse la parole. Qui veut commencer ? »

Le chef désigné des Barbares leva sa main bien haut dans les airs, de manière à ce que tout le monde le voit. Ethalion n’était pas particulièrement impressionnée, bien que cet homme soit deux fois plus imposant qu’Adrien, qu’elle craignait de réputation.

« - Je veux savoir ce qu’il sera fait de l’île Karadès où se sont installés les extraterrestres en premier lieu. »

Ce fut le chef des Marins qui lui répondit.

« - Nous enverrons des guerriers là-bas, qui réquisitionneront tout ce que les extraterrestre ont laissé derrière eux. Il ne faudrait pas que les pirates mettent la main sur quoi que ce soit ! »

Alistair, d’un ton posé, contesta.

« - Et que ferez-vous des objets trouvés, dîtes-moi ? »

Le Marin envoya un regard meurtrier au chef des Azuriens.

« - Nous les conserverons en lieux sûrs. »

Haar, le chef des Barbares, frappa la table du plat de la main et parla plus fort que les autres, avec sa voix bourrue et désagréable.

« - Ces biens ne vous appartiennent pas ! Qu’est-ce qui nous dit que vous ne les utiliserez pas contre nous !? »

« - Voyons ! Les Marins ne sont pas des guerriers ! Contrairement à vous, Barbares ! »

Un petit silence s’installa, et Ethalion en profita pour en placer une.

« - Je suggère que ces objets soient expédiés aux centres de recherches Azuriens, qui, nous le savons, sont les plus avancés en sciences de la nature. Chaque royaume pourra envoyer un représentant et nous surveillerons donc ensemble que ces biens ne soient pas utilisés en mal. Il va de soi que chaque représentant aura accès aux centres en tout temps. Je pense que vous serez d’accord avec moi, Alistair ? »

Le dirigeant hocha humblement la tête. Frère d’Adrien, il était tout aussi imposant, mais Ethalion le savait plus sympathique et apprécié. Enfin, c’était là sa réputation.

« - Vous avez raison, Ethalion, cela me semble sage. Nos chercheurs seront ravis de pouvoir étudier ces objets. Si envoyer des représentants peut rassurer les autres peuples, je n’y vois donc aucun inconvénient. »

La petite Sunari eut un sourire à l’intention du monarque. Il était un homme remarquable, qu’elle tenait haut dans son estime. Le chef des Montagnards profita du silence qui suivit le petit consentement général pour parler à son tour.

« - Qu’en est-il du commerce ? Les routes sont impraticables ! »

Adrien, sévère comme il l’était, du moins du point de vue d’Ethalion, coupa court à ce qui semblait clairement être un début de débat nuisible au commerce entre les Royaumes.

« - Je pense que chaque pays devrait assurer l’entretien de ses propres routes. À moins de vouloir couper court au commerce. Cela me semble clair. »

Le chef des Montagnard soupira et acquiesça. S’ensuivit un long débat sur les lieux d’apparition des extraterrestres et des dégâts entraînés. Ethalion resta silencieuse. Le désert était assez grand pour éviter les sites à risque, et ils comptaient bien détruire ces déchets de l’espace. À côté d’elle, Ambroise restait silencieux. C’était exactement ce qu’elle attendait de lui. Il faisait office de figure d’autorité et les gens la prenaient plus au sérieux. Sans doute pensaient-ils qu’il était son cerveau. Ethalion soupira. Près d’elle, la petite Mascha, qui était plus grande qu’elle, se fit murmurer quelque chose à l’oreille par son conseiller. L’effroi passa sur son visage et elle serra les poings. Alors que les puissants continuaient de polémiquer, elle chuchotait frénétiquement des choses inaudibles à Otto, telle un désespéré qui s’accroche à sa dernière bouée de secours. Lorsqu’un silence s’installa, la Sunari pu voir dans son visage qu’elle devait abandonner son bout de bois, ou la choses qui la retenait à la surface, et elle sombra dans les abimes du désespoir. Pourtant, elle garda la face et ne partit pas en courant. Courageuse, ou forcée de ne pas se montrer faible, elle osa combler l’un des silences.

« - Les Sauvages tiennent à dire qu’ils campent sur leurs positions. Nous n’apporterons aucune aide militaire aux Marins s’ils ont encore des problèmes avec les Pirates. »

Terrorisée, la pauvre enfant avait déclamé ces mots les poings serrés pour s’empêcher de trembler. Sa voix mal-assurée eut du mal à lui donner de la crédibilité. Le chef des Barbares en profita.

« - C’est bien digne de la bassesse des Sauvages, ça ! Qui d’autre pour laisser ses voisins dans la guerre et la misère ? »

Le dirigeant des Marins acquiesça.

« - Vos côtes sont parfaites pour mener la guerre contre les Pirates ! Nous avons besoin de ce point stratégique pour reprendre l’avantage ! Vous ne pouvez pas nous fermer vos frontières ! »

La pauvre Mascha était figée et terrorisée. Encore plus qu’avant. Qui avait eu l’idée de la faire chef ? Haar enchaîna.

« - Votre peuple de lâche mérite d’être exterminé ! Si vous ne cédez pas, attendez-vous à voir débarquer des cols les meilleurs guerriers connus de Nova Nunc ! »

Ethalion serra les poings. La détresse de la pauvre Sauvage était visible à des kilomètres à la ronde. Selon les valeurs Sunaris, elle ne pouvait laisser passer cela. Elle intervint.

« - Sous-entendez-vous par là que vous souhaitez déclarer une guerre ? Alors que les invasions viennent juste de se terminer ? »

Les regards se tournèrent vers elle. Les gens ne savaient tout de suite plus sur quel pied danser. Les Sunaris étaient entourés de mystère et redoutés. Ils avaient perdu un peu de leur prestige en se cachant, mais ils n’en restaient pas moins la bête noire des autres Royaumes, puisque quasi inaccessibles et très avares de détails sur leur culture. Malgré cela, tout le monde connaissait l’excellente qualité de leurs armes. Ethalion ne laissa personne la couper.

« - Sous-entendez-vous que vos guerriers sont les plus puissants ? Alors même qu’ils se sont fait décimer par les extraterrestres ? »

De son calme glacial, et de la présence d’Ambroise, elle jeta un silence frigorifiant dans la grande salle de calcaire. Son discours se poursuivit.

« - On reproche aux Sunaris de s’être cachés, mais au moins nous sommes restés en vie. Pouvons-nous en dire autant de vous, Barbares ? »

Haar fut piqué à vif.

« - Des lâches ! Voilà ce que vous êtes ! Les Barbares se sont tenus fièrement ! Nous sommes les plus puissants, et si vous avez besoin d’être écrasés, très bien ! Attendez-nous sagement dans votre désert, vous aurez beau vous terrer, nous vous trouverons ! »

Venu de n’importe quel autre représentant, cette menace aurait été une déclaration de guerre. Mais tout le monde connaissait le tempérament des Barbares. Pourtant, la Sunari ne prit pas la menace moins au sérieux.

« - Les guerriers les plus puissants ? »

Elle eut un sourire de pur supériorité, de mépris et de dédain. Avant que quiconque ait pu l’arrêter ou même voir son mouvement, son chakram passa à deux centimètres de l’oreille d’Haar avant d’aller se ficher dans le mur derrière lui.

« - Je ne pense pas, non. Vos haches ne sont rien contre nos armes. Maintenant, si vous le voulez bien, retournons au problème qui nous occupe. Les Marins auraient-ils oui ou non l’intention de déclarer la guerre ? »

Le dirigeant en question se tortilla sur sa chaise. Haar jugea bon de se taire, pour une fois. Ne sachant pas ce que valait ses adversaires, il eut l’intelligence d’accepter cette répartie comme le juste retour de sa provocation. Les démonstrations de force étaient ce qu’il fallait pour calmer un homme comme lui.
Le chef des Marins prit la parole à son tour et s’adressa à toute l’Assemblée.

« - J’en suis désolé, mais vous devez nous comprendre. Les Pirates ont besoin de nourriture autant que nous après les invasions. Ils auront besoin de quoi réparer leurs bateaux. Ils recommenceront à attaquer très bientôt et… nous ne pourrons pas toujours nous défendre. Nous ne sommes pas des guerriers. Si nous avions l’avantage du territoire, nous pourrions espérer mettre un terme à ce cauchemar alors oui. Nous devrons alors déclarer la guerre. »

Pendant qu’il parlait, Ethalion se tourna un peu vers Ambroise.

« - Cette Mascha n’a pas l’aura d’un chef, tu ne trouves pas ? Les Sauvages n’ont aucune chance de s’en sortir pacifiquement si elle n’a pas de bonne répartie. »

Son conseiller ne put qu’acquiescer. Il était quand même fichtrement mieux que Nova. La Sauvage tomba encore plus profondément dans les abimes de la peur et du désespoir. En jetant des regards fréquents à son seul possible espoir, Otto, elle laissait suinter la peur par tous ses pores. On voyait à sa gorge qu’elle déglutissait difficilement, ses yeux étaient grands ouverts, et lisibles comme un seul et même grand livre. Ses sourcils légèrement froncés ne faisaient qu’amplifier son expression de terreur absolue. Finalement, au bout d’un interminable moment de panique, elle finit par répondre, les poings toujours aussi serrés.

« - Je suis désolée, mais je ne peux revenir sur ma décision, nous sommes un peuple pacifique, et nous ne permettrons pas que nos terres servent à la violence. Je vous souhaite, malgré tout, de la chance dans vos conflits. »

Dans sa voix, on apercevait une pointe de tristesse et d’amertume. Forcément, elle représentait son peuple et ne pouvait prendre de décisions pour elle-même, mais on voyait en elle qu’elle aurait aimé pouvoir apporter son aide aux Marins. A la fin de son petit discours, elle baissa les yeux et poussa un soupir de soulagement. Alors qu’un autre plaidoyer des Marins enchaînait, auquel plusieurs chefs ajoutèrent leur grain de sel, Ethalion put voir Mascha tourner la tête vers son conseiller à la recherche de son approbation. Otto la lui donna avec un sourire tendre et un bref signe de tête. La Sunari pencha la tête sur le côté. Son père se comportait souvent comme ça avec elle dans le passé. Touchée, elle décida une nouvelle fois d’intervenir.

« - Que les Marins agissent comme bon leur semble. Mais qu’ils sachent que les Sunaris apportent ouvertement leur soutien aux Sauvages. Que l’on prenne acte immédiatement que toute atteinte au peuple des Sauvages dans un acte ouvert de guerroyer sera instantanément pris pour une déclaration de guerre à laquelle nous répondrons présent. Je ne souhaite en aucun cas insulter les capacités de votre peuple à se défendre, chère Mascha, mais tiens simplement à vous apporter le soutien des miens dans votre quête de la paix et de la neutralité. »

Ses paroles soulevèrent immédiatement un énorme débat ou tout le monde s’exprima en même temps. Dans un geste d’empathie, elle jeta un regard bienveillant à Mascha. Celle-ci fut d’abord surprise, puis baissa humblement la tête avec un sourire timide. Dans un geste maintenant familier à la petite chef, elle tourna la tête vers son conseiller, qui lui sourit aussi.

« - Aucune entente n’a jamais été faite entre vos deux Royaumes. »

Le point souligné par les Montagnards arracha simplement un sourire renversant à la chef des Sunaris, qui décida de jouer de ses origines et du mystère qui les entourait.

« - Les rites du cœur ont été accomplis, et cela suffit amplement aux Sunaris. Les Sauvages nous ont déjà offert bien assez. »

Bien sûr, personne ne comprit sa déclaration. Elle-même l’avait un peu brodé. Les rites du cœur signifiaient, dans le désert, quand quelqu’un provoquait un sentiment profond d’empathie chez un autre. Liés ainsi par un rôle de protecteur et de protégé jamais énoncé, et à la durée variable, un engagement se créait ainsi et pouvait expliquer l’accueil d’étrangers au sein des tribus, par exemple. Mascha ne lui avait rien offert, et il n’avait jamais été question qu’elle lui offre quoi que ce soit. Seulement, cette phrase énigmatique continuerait d’entretenir les mystères autour du Désert. Elle jouait parfaitement son rôle. Nova aurait de quoi être fière en lisant son rapport.

« - Je pense que ce sujet est clos, maintenant. Pourquoi ne pas passer à autre chose ? »

Pour une fois, Haar avait raison. Ethalion se concentra. L’Assemblée était loin d’être terminée.
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MessageSujet: Re: La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien   La grande Assemblée - Ethalion, Mascha, Ambroise, Adrien EmptyMer 16 Nov 2016, 18:21


De plus en plus de personnes entraient dans Blanroc. Cela fit quasiment peur à Adrien, car cet endroit était censé rester secret, mais avec autant de monde, cela serait une tâche difficile selon lui. Tous les chefs de nations, ainsi que leur(s) conseiller(s), — et quelques gardes d’élite et de confiance — étaient maintenant arrivés. Ethalion, qui se mouvait à la manière d’un enfant, venait de franchir la porte avec son conseiller Ambroise, qui ne semblait même pas être un Sunari. Mais Adrien n’en tint pas vraiment compte, ce qui lui frappa aux yeux était la proportion énorme que faisaient leurs tailles. Lorsque soudain Ethalion changea de ton pour lui faire ses salutations, le roi d’Acade trouva cela si étrange, si peu naturel, qu’il la préféra un peu trop joyeuse et expressive.

Dans un mouvement général, chacun alla prendre sa place dans la pièce prévue pour la Grande Assemblée telle qu’on la nommait par ici. Ce n’était pas pour rien qu’on l’appelait « grande », puisqu’il y avait, sans compter les gardes, une cinquantaine de personnes — ce qui était beaucoup pour l’époque, surtout après des invasions d’extraterrestres — : les grands chefs des peuples, leur ou leurs conseiller(s) et quelques autres personnes importantes venant accompagner leur suzerain sans pour autant avoir le titre de conseiller.

Et lorsque Rodrigue termina l’inauguration, l’assemblée commença.

À son siège, Adrien prenait son rôle au sérieux. Sérieux : ce mot qualifiait parfaitement son attitude et son humeur. Il ne la trouvait pas sévère comment le pensaient Ethalion et probablement tout le reste du pays, voire même du Monde, à son grand désespoir, mais bien sérieuse, car selon lui c’est ainsi que devrait se comporter un chef de nation. Toutefois, il connaissait bien sa réputation et les raisons pour lesquelles il l’avait. Le coude sur la table devant lui, la joue bien accotée sur son poing fermé, le visage sans expression, il était toujours dans cette position à n’importe quelle réunion, que c’en soit une aussi importante que celle où il était présent aujourd’hui ou une simple négociation à l’« interne ».

Pendant l’assemblée, le roi d’Acade vit bien que Mascha avait de la difficulté à exprimer ses pensées ou peut-être à dire ce qu’elle devait dire. Il eut d’abord une pensée affective pour elle, mais se dit qu’Otto la remettrait sûrement « à sa place ».

Un peu plus tard lors de la réunion, lorsqu’Adrien vit Ethalion lancer son chakram, ou plutôt vit ce-dernier se loger dans le mur, il fut stupéfait. Le roi d’Acade se leva alors, chemina jusqu’à l’arme plantée dans le mur, l’examina quelques secondes et pensa alors « Mais quelle arme peut si facilement rester coincée dans un mur de pierre? »
Il se donna d’abord comme raison que la paroi était faite de calcaire, une pierre relativement mole comparée au granite ou à d’autres, mais fut quand même très étonné de cela.
Soudain, il remarqua que tout le monde le regardait. Sans toucher à l’objet de peur d’offenser son propriétaire, il reprit donc, aussi vite que possible, son air sérieux et retourna à son siège ; et il scruta quelques instants le visage de la chef des Sunaris et décida qu’il était bien résolu à reconsidérer les peuples qui lui étaient étrangers, comme l’avait démontré, selon lui, cette performance fort probablement bien simple pour Ethalion mais ô combien époustouflante pour Adrien.

Comme la chute de petites pierres qui déclenche une avalanche, cet événement provoqua un chamboulement de questionnements dans sa tête. Mais il ne s’en occupa point, mit tout cela de côté et continua d’écouter attentivement ce que les gens disaient sans trop émettre son opinion. Il ne le donnait pas car, selon lui, les discussions qui furent discutées jusqu’ici n’étaient pas des enjeux ou des problèmes très importants. Le roi d’Acade aurait préféré parler de choses plus inquiétantes encore, bien au-delà des objets laissés par les extraterrestres, bien au-delà des conflits entre les marins et les pirates. Et lorsque finalement ce dernier sujet fut clos et que Haal proposa d’en démarrer un nouveau, il se lança.

Adrien leva alors sa main, quelques secondes plus tard à peine Rodrigue lui donna le droit de parole — qui d’ailleurs était un élément important lors de discussions et de débats comme celui-ci —, puis leva tout son corps debout et commença son discours d’une voix puissante sans pour autant crier :

– Mesdames, messieurs, je me lève maintenant dans cette assemblée, non pour créer un nouveau sujet de controverse, pour donner aux gens ici présents une nouvelle raison de verser leur haine sur les autres ou pour créer une nouvelle occasion de se crier dessus, non! Je me lève aujourd’hui pour un problème plus grand, plus grand encore que ce dont nous avons parlé depuis le début. Cela fait maintenant deux ans que les extraterrestres ne sont plus de ce monde. Deux ans depuis lesquels nous n’avons pas encore eu l’occasion de tous nous rencontrer! Et maintenant que nous l’avons, nous parlons de la puissance des Sunaris et des Barbares et des conflits entre les Marins et les Pirates? Pensez-vous réellement que cela nous apportera quoi que ce soit, en tant que peuple uni, en tant que Monde?
Je veux vous parler d’une chose inquiétante, très inquiétante même, d…

– Ah ça va, crache le morceau! s’écria Haal.

Le représentant des barbares en mettait un peu trop, selon Adrien, mais en réalité Haal était stressé en lui-même car il redoutait ce qu’Adrien allait dire. Celui-ci ne sut pas ce dernier point et le regarda sévèrement. Il détestait plus que tout se faire interrompre, encore plus lors d’un discours aussi important à ses yeux, et le lui reprocha bien qu’il le vouvoya.

– Laissez-moi finir, bon sens, pour l’amour du ciel, s’il vous plaît! Donc, comme je semble prendre trop de temps, je n’irai point par mille chemins. De mes éclaireurs m’ont dit qu’il reste encore des extraterrestres sur Nova Nunc!

Cela confirma les pensées de Haal. Il en avait même déjà vu de ses propres yeux, sauf qu’il n’était pas sur que c’en étaient. Il attendit la suite. Le reste des gens prirent soudainement des visages étonnés, très étonnés même, et certains semblaient tout simplement ne pas croire ce qu’Adrien venait de dire. Mais il disait bien la vérité et il le prouva sans tarder et avant que certains ne s’exclament des choses comme : « C’est faux, les extraterrestres ont été exterminés il y a deux ans! Il ne peut pas en rester! ».

– Je vous vois venir, reprit-il. Vous me direz que c’est faux et que je raconte des mensonges pour faire peur, mais non. Cela a commencé quand des rumeurs qui circulaient dans les villes et villages de mon royaume sont parvenues à mes oreilles. Peut-être n’en avez-vous pas entendu parler, mais ces rumeurs disaient qu’un groupe d’extraterrestres avait été aperçu non loin des Falaises d’Acade. J’ai ensuite envoyé un groupe d’éclaireurs, comme je l’ai dit, et ceux-ci m’ont rapporté qu’ils avaient vu une dizaine d’extraterrestres. Maintenant, ce à quoi il faut réfléchir est s’il y a d’autres groupes comme celui-ci, ailleurs sur le continent, mais aussi comment s’organisera-t-on pour les tuer définitivement, et si on est même capable de les tuer…

– Oui il y en a, dit calmement Haal.

Soudain, tous les dirigeants le regardèrent exactement de la même façon qu’il y avait quelques minutes. Et le représentant des barbares continua avec plus d’explications.

– J’en ai vu de mes propres yeux, tout comme vous Adrien, mais dans les Terres nordiques. Avec mes hommes, on longeait les montagnes après la chasse, et nous avons aperçu cinq ou six extraterrestres entre un gros rocher et la chaîne de montagnes. Je ne sais pas combien il y en a d’autres, mais une chose est sure, il faut les exterminer au plus vite!

Certains n’avaient pas encore digéré la nouvelle, d’autres se dépêchaient à réfléchir comment tuer les extraterrestres restants. La plupart donnèrent leur avis et finalement Haal et Adrien se mirent publiquement d’accords sur une chose : personne ne savait exactement combien il restait de ces créatures, mais les deux dirigeants s’engagèrent à préparer un groupe de personnes pour aller tuer les extraterrestres qu’ils avaient aperçus.

Suite à cela, il n’y eut pas de véritable relancée sur un quelconque autre débat, et après quelques discussions encore ils se rallièrent devant les extraterrestres. Ainsi Rodrigue closit l’assemblée, et les dirigeants partirent de Blanroc unis.
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